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À l’heure où les services sont exsangues, où les postes vacants entre catégorie C et B explosent, où la qualité du travail est empêchée par les suppressions d’emplois et les restructurations permanentes, où les déménagements pour motif de densification ou de braderie du patrimoine domanial se multiplient, ces petites manifestations « corporate » peuvent agacer. Voir les collègues affiché.es comme les « employé.es du mois » de la grande époque de la mise en avant des commerciaux des petites entreprises de province a un petit côté « old school ». C’est amusant de prime abord, puis le comique de répétition lasse au fil du temps.
Qui peut encore se rendre disponible sur son temps de travail pour « faire des suggestions », « diversifier ses missions », « échanger sur des évènements »… ?
Les SIP, au contact des usagers, croulent sous les réceptions physiques dans des temps de plus en plus contraints, fermeture en flux les après-midi oblige. Ils réceptionnent de surcroît à la caisse et en accueil primaire une grande proportion d’usagers venus pour des problématiques Amendes En cette période, ils affectent 5 heures par jours de leur temps de travail pour délester les centres de contacts des particuliers. D’ailleurs quand comptez-vous répondre à celles et ceux qui vous ont interpelé via une pétition sur le sujet mi-juillet ?
Les représentants des OS à la Formation spécialisée ont passé trois longues journées à éplucher le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Et nous n’avons pas constaté de remarque des différents services qui ont souligné des difficultés particulières à obtenir le titre de « champion numérique ». En revanche, nombre de services ont mis en avant la pression temporelle qu’ils rencontraient sur leur activité due au manque d’effectif, aux « réformes » qui s’empilent...
528 lignes de DUERP et nous pourrions noircir quelques pages d’annotations relatives aux risques psycho-sociaux. Le récent rapport de l’IGAS/IGF commandé en février par l’ex-premier ministre Attal sur les absences dans la fonction publique (que vous pouvez retrouver sur notre site) met en avant les pistes d’économie pour le gouvernement (restrictions sur les ASA « garde d’enfants », remboursement dégressifs des congés maladie, deux à trois jours de carence, etc) pour économiser quelques centaines de millions d’euros. Jamais il n’est question d’embaucher des fonctionnaires aux finances publiques pour aller attraper quelques-un des 80 à 100 milliards de fraude fiscale, ni de contrôler un peu plus les successions que nous laissons de côté faute de bras. Jamais il n’est question de modifier la fiscalité à l’encontre des entreprises ou contribuables les plus fortunés, de soumettre les aides aux entreprises à des contreparties en matière sociale, qui s’élevaient en 2023 à 174 milliards d’€.
Et non, M. le directeur, ce ne sont pas les « champions numériques » que vous et la directrice générale mettez en exergue qui sauveront notre service public de la catastrophe qui lui est promise.
Plus que des champions du numérique, soyez donc des champions du service public.
Le respect des personnels, des usagers, de l’intérêt général et des missions vous demande de tout mettre en œuvre pour que l’administration que vous dirigez dans le département ait les moyens d’accomplir ses missions de manière efficiente, sans mettre en danger la santé des agent·es qui exercent ces missions. Force est de constater que vous ne faites ni l’un, ni l’autre, et notre directrice générale pas davantage. Attention à ce que l’arbre des « champions numériques » et de la communication simpliste ne masque pas la forêt de la souffrance au travail jusqu’à lui faire atteindre des limites irréversibles. Il y a eu pas mal d’exemples dans un passé relativement récent… Sur ces sujets, vous êtes le seul responsable à bord du bateau DRFiP 31.
Article publié le 6 octobre 2024.