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Déclaration liminaire CGT au CSAL du 23 juin 2025

Monsieur le président,

Dans la nuit du 12 au 13 juin, ce sont, de nouveau, les armes qui ont été choisies par Israël pour frapper des sites nucléaires, des installations de missiles à longue portée, des dépôts d’armes et les défenses antiaériennes iraniennes alors que les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire du second sont dans l’impasse. S’en sont suivis une riposte iranienne, des états d’urgence, des fermetures des espaces aériens. La menace d’un conflit régional et global est plus que jamais sérieuse. Comme avec l’attaque de l’Ukraine par la Russie, c’est le droit international qui est encore bafoué. La CGT demande à la France d’user de son influence diplomatique au niveau international pour faire cesser cette escalade meurtrière au Moyen-Orient et de s’engager réellement sur des processus de Paix. L’ONU doit convoquer d’urgence un Conseil de Sécurité.
Alors que la première puissance mondiale, par l’intermédiaire de son président Donald Trump organise le chaos dans son propre pays et dans le monde entier, notre planète n’a jamais été aussi proche du précipice. De nombreux conflits armés sont toujours en cours comme au Soudan, au Congo ou en Birmanie, provoquant des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Même une démocratie occidentale comme Israël préfère utiliser la guerre, quitte à commettre crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza, en affamant sa population et détruisant toutes ses infrastructures de santé, éducatives avec la volonté de rendre la vie impossible sur ce territoire. Il est temps que nos dirigeants reconnaissent officiellement et immédiatement l’État de Palestine. Il est temps de prendre des mesures décisives. Le besoin de justice, de paix et de reconnaissance n’a jamais été aussi urgent !

En Europe, la guerre continue. Le conflit russo-ukrainien est entré dans sa quatrième année. Le degré des destructions, les souffrances endurées par le peuple Ukrainien, avec près de 10 millions de personnes déplacées et 20 000 enfants volés à leurs familles par la Russie, atteignent des niveaux jamais enregistrés sur le sol européen depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
À la fin du mois de février, le revirement géopolitique des États-Unis sous l’égide de Trump donne corps à une internationale autoritaire aux tendances impérialistes. L’adoption de la résolution ES-11/7 pour « la promotion d’une paix globale, juste et durable en Ukraine » de l’assemblée générale des Nations Unies, le 25 février 2025, réaffirmant l’intégrité territoriale de l’Ukraine, illustre cet état de fait. Les États-Unis, la Russie, Israël, le Bélarus, Le Mali, le Nicaragua ou encore la Corée du Nord ont voté contre. Les régimes autoritaires combattent le droit international ! À peine arrivé au pouvoir, Trump a adopté des sanctions à l’encontre des représentants de la Cour pénale internationale. Cette même CPI qui a délivré des mandats d’arrêts contre des responsables du régime russe pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Depuis, sous l’égide de l’administration Trump, les efforts pour un cessez-le-feu au détriment de l’Ukraine sont en cours avec le Kremlin. Or depuis qu’il est évoqué, la Russie redouble ses bombardements d’infrastructures civiles sur l’Ukraine et joue ainsi la montre dans les négociations de paix. Le peuple Ukrainien, attaqué sur son sol par la Russie, est le premier à vouloir ardemment la paix. Mais elle ne peut pas lui être imposée de l’extérieur en validant l’agression militaire et l’occupation de leur pays.

Ces régimes autoritaires ou ces pays occidentaux dirigés par l’extrême-droite comme Israël remettent en cause nos valeurs démocratiques. En Italie, le gouvernement d’extrème-droite de Giorgia Meloni n’a de cesse d’attaquer les contre-pouvoirs. Les médias progressistes sont attaqués par de multiples procédures en diffamation, la RAI est reprise en main avec la nomination de proches de Meloni à sa tête. Les juges italiens qui s’opposent aux décisions autoritaires du gouvernement Meloni sont considérés comme des ennemis de l’intérieur. Les droits sociaux sont attaqués, le rôle des syndicats remis en cause. Voilà ce qui nous attend, si l’extrême-droite arrive au pouvoir en France. Et force est de constater que la politique économique et sociale actuelle du gouvernement nous mène fortement sur ce chemin.

Les bouleversements tragiques du monde ont des conséquences sur notre économie, notamment avec la volonté du président Trump de remettre en place des tarifs douaniers élevés, du jamais vu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La croissance économique française ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Le gouvernement a annoncé sa volonté d’économiser 40 milliards d’euros en coupant notamment dans le budget de la protection sociale. L’environnement n’est visiblement plus une priorité. Le sport, les jeux olympiques terminés, n’est également plus une priorité. En revanche, aucune volonté de s’interroger sur l’utilité des dépenses en faveur des entreprises et surtout les plus grosses.
Côté recettes, le sujet d’une TVA sociale est évoqué, impôt qui, en passant, est le plus injuste qui soit. La proposition de faire contribuer un peu plus les plus riches qui, proportionnellement, payent moins d’impôt que les classes moyennes, est rejetée.
En effet, nous avons bien en France un problème de recettes, qui est accentuée par la crise de notre industrie. En privilégiant la capitalisation boursière au détriment des investissements et de l’augmentation des salaires, nos grands groupes français fragilisent tout notre tissu industriel. 400 sites et plus de 88 000 emplois sont directement menacés. Derrière la façade des discours gouvernementaux, c’est une casse sociale et industrielle de grande ampleur qui se poursuit. Ces chiffres sont à mettre en rapport avec les annonces faites lors de l’édition 2024 de Choose France : « Les 15 milliards d’euros d’investissements permettront de créer ou maintenir plus de 10 000 emplois » selon Business France, concernant « 56 projets ». Métallurgie, chimie, commerce, banques : tous les secteurs sont touchés.

Autre constat, et c’est une triste réalité qui est souvent caché : en 2023, 759 travailleur⋅ses ont perdu la vie à la suite d’un accident du travail. Depuis 2020, ce chiffre ne cesse de grimper, révélant une situation catastrophique et une véritable crise de la sécurité au travail. Ces drames sont le résultat d’un choix politique : celui de sacrifier la santé et la sécurité des travailleur⋅ses sur l’autel de la rentabilité. La liberté d’entreprendre subordonne toute autre situation y compris la santé-sécurité au travail.
Aussi, la volonté de maintenir la retraite à soixante‑quatre ans est aberrante.
Depuis le passage en force de la réforme des retraites grâce au fameux 49-3, le combat et la contestation ont continué. Enfin, jeudi 5 juin 2025, l’Assemblée nationale a voté sur une proposition de résolution visant à abroger la réforme controversée portée par Macron et le Medef à une large majorité des députés présents.
Ce vote, hélas sans valeur législative directe pour annuler la réforme est le reflet de la volonté de l’écrasante majorité de la population, en particulier des travailleuses et travailleurs qui refusent de sacrifier deux ans supplémentaires de retraite.
La gauche a largement mobilisé pour enfin avoir un vote, toujours refusé par les différents gouvernements Macron. Cette victoire politique infligée au gouvernement dans l’hémicycle de l’Assemblée est le fruit de la bataille sociale engagée depuis début 2023.
Dans plus de 160 rassemblements et manifestations organisés le 5 juin à l’appel notamment de la CGT, ce sont plusieurs dizaines de milliers de salarié·es, jeunes, privé·es d’emploi et retraité·es qui ont continué d’exiger l’abrogation de cette réforme et de faire le lien avec leurs revendications pour l’emploi, les salaires, l’industrie, les services publics...
Ce vote représente bien une victoire politique du mouvement social.
On le sait, d’autres solutions existent pour financer l’abrogation, assurer l’équilibre et reconquérir la retraite à 60 ans avec départ anticipé pour pénibilité. Elles passent en particulier par l’augmentation des salaires, l’égalité salariale femmes hommes, et donc par la réappropriation des richesses créées par le travail et captées par le capital.
Cette journée constitue une étape supplémentaire du plan d’action pour nos droits et contre le plan d’austérité à 40 milliards €, sauf pour les riches, annoncé par le gouvernement. La page de la réforme Macron/Medef des retraites n’est décidément pas tournée et la CGT poursuivra la bataille pour son abrogation et le retour à la retraite à 60 ans !

À la DGFiP, ce qui alimente la plupart des conversations du moment, c’est que notre ministère veut confier la protection sociale complémentaire des agent·es en activité et des retraité·es à la société Alan. Celle-ci est une nouvelle start-up, pas une mutuelle, dont la situation financière semble incertaine et axée sur la spéculation. De plus, ce choix pose de graves questions en termes de conservation des données (un marché juteux !). Son objectif mercantile de mettre la main sur la protection sociale complémentaire de la fonction publique ne trompe personne : une attaque contre le mouvement mutualiste et l’économie sociale et solidaire. Dès le début, la CGT a dénoncé la nature même de cette start-up et émis les plus grands doutes sur la sincérité de la méthode ayant abouti à ce choix, notamment par une proximité avec de « plus hauts dirigeants ». Elle met et mettra tout en œuvre pour faire échec à cette décision irresponsable et scandaleuse : interpellation politique, recours juridiques, rassemblements, et une pétition qui atteint déjà plus de 10 000 signatures.

À la DGFiP, des suppressions d’emplois massives, des transferts de missions d’autres administrations vers la DGFiP sans transfert d’emplois, des restructurations permanentes, des suppressions de services et de sites, des méthodes de travail industrialisées, des règles de gestion qui font de plus en plus la part belle à l’arbitraire, des rémunérations qui ne suivent pas et un « management » de plus en plus toxique, tout concourt pour augmenter le mal être au travail qui s’aggrave de façon très inquiétante.

Les agents de la DGFIP ont été dépossédés de leur travail, de leurs missions, de leurs droits et garanties, de leurs espaces de travail et maintenant de leur protection sociale complémentaire. Notre ministère assume son choix dogmatique d’être un véritable prédateur de l’économie sociale et solidaire. La CGT revendique la sécurité sociale intégrale !

Concernant l’ordre du jour de la séance qui nous occupe, encore une fois, nous constatons que vous nous présentez au vote un sujet déjà ficelé, l’extension du CGF Justice, dont les documents sont plus que légers.

Le sujet du règlement intérieur du centre de contact amende ne nous est présenté que pour formalité. Comme nous l’avons énoncé lors du CSAL précédent, le choix du module horaire ne fait pas débat dans l’organisation de la journée de travail. Les agents votent et la démocratie est respectée. En revanche, vous restez fermés sur la question essentielle de la durée des vacations téléphoniques. Vous qui vous targuez d’humanité, d’être à l’écoute des agents, vous refusez toute discussion sur la durée des vacations téléphoniques alors que l’activité journalière en centre de contact est intense avec cinq heures de téléphone par jour (cinq heures d’autant plus intenses qu’on parle ici d’un accueil amende) auxquelles s’ajoutent le traitement des e-contacts et les formations incessantes avec l’intégration continue de nouveaux métiers à appréhender pour palier aux manques d’effectifs dans les diverses structures. De plus l’utilisation de Bali génère un stress important et, de fait, augmente drastiquement les risques psycho-sociaux. Les collègues doivent en effet rendre compte de chacune des minutes passées sur leur lieu de travail et de leur activité au travers des codifications dans l’outil Bali. Ils doivent toujours avoir l’œil rivé sur la montre de crainte d’une remarque. Ils peuvent d’ailleurs avoir à justifier leur activité plusieurs mois après.
Enfin, vous nous présentez un point d’actualité sur les services de publicité foncière. Le NRP, exercice de destruction massive d’emploi à la DGFiP, est passé par là. Il n’a épargné aucun service du réseau et certainement pas les SPF. Les SAPF véritables plateformes, comme les antennes de SIE ou les centres de contact, sont des services hors‑sol dont les effectifs sont composés d’agent·es qui n’ont que rarement émis le souhait de venir y travailler. Le turn-over y est la norme. Beaucoup de jeunes agent·es ou d’agent·es n’ayant jamais travaillé en publicité foncière se retrouvent en SAPF. Il est donc étonnant de lire que le soutien et l’expertise, ainsi que la formation, sont des missions de ce service. Disons-le franchement, l’expertise et l’expérience se trouvent dans les SPF ce qui est normal puisque la publicité foncière y est exercée de longue date !

Nous terminerons par ces mots du poète Federico Garcia Lorca, assassiné par les milices franquistes :
« Parfois quand je vois ce qui se passe dans le monde, je me demande pourquoi est-ce que j’écris. Mais il faut travailler, travailler et aider ceux qui le méritent. Travailler même si l’on pense parfois que ce que l’on fait est inutile. Travailler comme si le travail était une forme de protestation… car lorsque nous nous réveillons chaque matin dans un monde plein d’injustice et de misère de tous ordres, notre premier mouvement devrait être de crier « Je proteste, je proteste, je proteste ».

Article publié le 2 juillet 2025.


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